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MAR 16

Souvenirs d'école

« Mon hypothèse est que nous choisissonsplus ou moins consciemment, un métier et un environnement relationnel où nous répétons mine de rien une partie de notre histoire intime et familière. [] Et c'est souvent dans l'après-coup que surgit le sens profond de nos choix et que se révèle la trame de nos trajectoires professionnelles avec leurs intrications et leurs impasses parfois. Et ce sont ces répétitions, leurs sources et leurs effets que j'aime déplier avec ceux que j'accompagne aujourd'hui. »

Là, je dois répondre à un questionnaire de référencement coach ; oui, parce que dans cette entreprise-là j'accompagne sans papier ni tatouage depuis pas mal d'années déjà et aujourd'hui ça ne se fait plus ça. 
Alors, pour illustrer ma pratique, j'évoque comment les histoires professionnelles et personnelles se tricotent à mailles très serrées au fond ; pour moi et pour ceux que j'accompagne aussiEt là, il y a cette question sur mon passage par l'école des coachs : "Quelle valeur ajoutée de votre formation dans votre parcours ?

Et je me souviens de ce feuilleton-là sur un mode "glamour" d'abord, et puis après coup de ce qui se tramait aussi en coulisses.
Je ne sais pas pour vous mais c'est fou quand même toutes les histoires qu'on se raconte.

« La valeur ajoutée de ma formation c'est bien au-delà des outils et des contenus appris, c'est dans les liens que j'ai tissés tout autour. Ainsi, parce qu'écrire sur ma pratique est pour moi une part de réflexivité essentielle dans le métier, j'ai commencé à partager des vignettes cliniques sur le site web de l'école. C'était sans faux-semblants ni tabous alors, et avec mes tiraillements personnels dans les séances. Et c'est devenu une chronique régulière et d'un genre nouveau : Voyage au pays du changement.
Et puis cette forme-là d'écriture m'a inspiré un premier ouvrage sur les coulisses du métier et loin des guides pratiques alors : Dans l'intimité du coaching. Sans censure toujours et sous le signe des jeux de transfert qui se tissent en sourdine entre coach et client.

J'ai aussi créé avec un confrère des ateliers de coaching en groupe qui, un temps, se sont ajoutés au cursus de l'école. Et j'ai contribué à créer un site web singulier sur la supervision et sous l'égide de cette école.

Cette dynamique créative par affinités électives, au cœur d'un collectif, illustre à nouveau pour moi les intrications implicites entre histoire personnelle et parcours professionnel. En effet cette école, animée en duo par un homme et une femme, me donnait l'occasion de nouveaux apprentissages et de liens bien différents de ceux qui m'étaient jusqu'alors familiers dans un groupe : sans rechercher les crises, le chaos ou les conflits (c'est pourtant là que j'aimais intervenir). Comme le début d'un chemin de résilience. »

*

Bon, ça c'est la version bisounours mais, dans les coulisses, c'était plein d'ambivalence et de frérocité aussi ce feuilleton-là.

Ainsi, l'écriture a été très tôt l'un de mes stratagèmes pour enchanter et séduire. Oui, c'est comme ça que j'ai commencé à draguer à l'adolescence et c'est aussi comme ça aussi que, mine de rien, j'ai fait mon buzz et que j'ai été repéré par Le Journal du Net qui m'a sollicité pour des chroniques sur le coaching. C'était il y a plus de dix ans mais ces traces-là sur la toile suscitent encore des demandes parfois.

Et pour créer les ateliers de coaching en groupe, j'avais choisi un confrère, de quelques années mon aîné, avec qui je pouvais bien rivaliser et dysfonctionner en mode très sado-maso alors. Et donc ça c'est mal terminé entre nous.
Pareil pour l'écriture du Voyage au pays du changement : là, c'était avec un plus jeune, responsable RH & coach, que j'ai souvent rêvé de tuer ! Et que j'ai fini par évacuer.
Ça, c'était côté fratrie, euh ! confrères je veux dire.

Et le duo qui dirigeait l'école c'était pour moi comme un couple parental, et mine de rien alors j'ai rejoué un truc bien familier : genre je fricote avec elle, je fricote avec lui, d'un côté et de l'autre, et puis je m'imagine être le préféré. Je ne suis pas allé jusqu'à vouloir "tuer le père de la horde" (enfin pas consciemment), mais sitôt sorti de l'école j'ai créé un puis deux groupes de supervision, comme pour dépasser le maître (alors que c'est plutôt réservé aux coachs vénérables).

Tout ça n'était pas conscient mais tellement familier. Et puis les jeux de transfert n'étaient pas au programme de l'école des coachs. Alors c'est quand je me suis allongé sur le divan que j'ai vraiment commencé à découvrir la force des répétitions. Et aujourd'hui, je sais bien que je ne sais pas ce que le passé me réserve encore.