« Développer son charisme », « Croire en son potentiel », « Mater son agressivité »… le coaching est un haut-lieu de « passage à l'acte ». Oui, un mode opératoire spécial pour ça, pour le symptôme, pour la répétition. Institué, ritualisé, assisté par un coach.
Le passage à l'acte c'est un « circuit court », inconscient, entre la pulsion et un objet donné à haute tension. Sans vraiment d'élaboration alors.
Ce n'est pas forcément un souci si le coach sait à peu près de quoi il en retourne : les jeux de transfert, ses pulsions face à tout ça, ses modes familiers d'excitation et de jouissance...
Tout ça c'était le thème de la supervision à Paris 2, pour le master Coaching, le mois dernier. Je partage ici le fil d'Ariane de cette séance. Tout s'est passé comme prévu jusqu'à la pause : travail en petits groupes et en associations libres sur des questions qui titillent ou taraudent chacun, plus ou moins. Oui, jusqu'à la pause parce que, à ce moment-là, il y a eu un attentat à Lyon et ça m'a pas mal dérouté sur le coup. Ou bien j'ai pris ça comme un prétexte pour moi-même passer à l'acte aussi. C'est là que j'ai commencé à parler d'un, deux, trois cas cliniques qui me taraudaient. Et puis, de fil en aiguille, il y a eu une comme une inversion des rôles alors, comme si je demandais au groupe quelque chose mine de rien. Et c'est sur le divan, dans l'après-coup comme toujours encore, que j'ai commencé à voir tout le pourquoi et le dessous de ces choses-là.
Prochaine et dernière séance demain soir.
Master 2 - Paris 2 - Supervision en groupe
Séance 7 : Passage à l'acte
24 mai 2019
1. INTRODUCTION
« Développer son charisme », « Croire en son potentiel », « Mater son agressivité »… le coaching est un haut-lieu de « passage à l'acte ».
Le passage à l'acte c'est un « circuit court », plus ou moins inconscient, entre la pulsion et un objet à « haute tension » : influence, douance, non-violence…
Oui, un mode opératoire pour ça : institué, ritualisé, en mode projet (objectif, indicateurs, ressources). Et tout ça sur un horizon court aussi.
Et c'est alors une forme du symptôme singulier du client, la forme d'une répétition familière et à l'insu.
Ce n'est pas forcément un souci si le coach sait à peu près de quoi il en retourne : les jeux de transfert/contre-transfert, ses pulsions face à tout ça, ses modes familiers d'excitation…
Être conscient donc, que nous participons au symptôme du client : Nous sommes son objet. Et il est notre objet. Et nous boostons une forme de répétition.
Approcher cette conscience-là, développer cette acuité, en l'éprouvant un peu, en présence.
C'est le thème de ce soir. 7ème séance. Au bord des notions de l'inconscient, toujours : pulsions, conflits, défense, symptôme, déplacement…
2. VIGNETTES CLINIQUES
Deux exemples de coaching d'entreprise d'inspiration analytique.
Patrick : "Abrasif" -> Déplier le cas pour souligner le circuit long, le « feuilleté psychique » et puis le déplacement du symptôme jusqu'au coach. Parce que tout ça n'évite pas le passage à l'acte.
Mots d'esprit (une formation de l'inconscient) -> Insultes : « Putain » -> Sortie ultime ("conflit de priorité"). Et plus de son, plus d'image !
Anna : « Ai-je le syndrome de Stockholm ? » ... « Elle voulait un enfant »
L'approche analytique ne s'attache pas, ne s'accroche pas au contenu : un fil de séances posé d'emblée, fixe, même jour-même heure, et l'analysant vient "quoi qu'il arrive". Il s'attache ou s'oppose alors au cadre.
3. PRACTICUM
Dispositif : les groupes d'origine en quatuor.
45 mn.
PAUSE
4. SUPERVISION : ANALYSE EN GROUPE
Préambule : c'est dans l'après-coup que le sens surgit. L'après-coup de la séance, du coaching... Un effet de décalage, un pas de côté. Le créer ici.
Les coachés ensemble, en petit groupe : en position d'analysant, de co-vision ainsi. 2 ou 3 petits groupes.
Avec 3 questions :
Et les coachs ensemble aussi. Même dispositif. Même type de questions :
• Qu'est-ce qui m'est familier dans toute cette histoire au fond ?
• A quelle place je me suis mis ?
• A quelle place j'ai mis le coaché ?
5. RETOUR EN PLÉNIÈRE
A suivre. Prochaine et dernière séance : 14 juin 2019
***
La photo, là, c'est parce que cette voiture elle est comme une auto-tamponneuse, je trouve, et les coachs utilisent souvent la métaphore du cocher (ou du taxi) pour coacher. Alors peut-être qu'en séance ils sont comme dans une auto-tamponneuse mine de rien.