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AVR 21

Une folle envie de chocolat

Peinture, papier de verre, tiges filetées, etc, je venais de faire pas mal d'emplettes chez Bricoman. C'est pour un volet en bois qui a fini par s'effondrer et  ça n'a pas trop de rapport – mais j'ai eu soudain une envie folle de chocolat noir.
Oui, c'est fou parce que je n'arrive pas à comprendre ma fixation sur cette substance-là et ce côté irrépressible. Comme une addiction depuis quelques temps. Trois ou quatre carrés après chaque repas. Un naturopathe m'a proposé d'essayer le chocolat pur. C'est sans sucre, m'a-t-il dit, et on en trouve dans les magasins bio ou vegan.

Il y a une boutique comme ça pas trop loin de Bricoman justement. À la sortie de la zone. C'est donc l'idée d'une expérience nouvelle plutôt que le besoin de la substance qui m'agite à ce stade. Je dis ça pour essayer de comprendre. Et j'imagine que si j'avais directement accès à la substance – au principe actif mine de rien –, j'en consommerais beaucoup moins peut-être.

J'ai aussi cette sorte d'addiction pour les livres. Là, je suis en train de lire « Les enfants sont rois », le dernier roman de Delphine de Vigan. Je commence à arriver à la fin et je vois bien alors qu'il me faut absolument trouver le prochain. J'ai pensé à Adeline Dieudonné, une jeune femme qui écrit aussi des histoires horrifiques. Et je voudrais acheter sans trop attendre « KÉROSÈNE », son nouvel opus. Il me faudra faire un autre détour, par une librairie. 

Du chocolat ou des romans, « c'est toujours tourné vers un objet » me dit ma psy. C'est pas faux et c'est une intrigue alors. Peut-être que je pourrais être addict à un humain plutôt ? Mais c'est moins prévisible un humain et beaucoup plus risqué. Incontrôlable, je veux dire.

Tout ça est classique paraît-il. Pour fuir une relation plus ou moins toxique, les gens préfèrent se fixer sur un objet. Ils croient contrôler les choses ainsi et ils finissent par s'intoxiquer tout autant. C'est Eva qui m'a raconté ça. Des fois, je me demande si je suis addict à Eva.

Bref. J'ai fait le détour à la sortie de la zone et j'ai acheté un 100 % de Madagascar. Et aussi un extra noir à 90% à la sève de fleur de cocotier. Tout ça reste très amer. Mais l'essentiel n'est pas là au fond. Oui, dans le magasin bio, j'ai aussi trouvé un livre. « Le Petit Larousse illustré », une édition en couleur des années 90. C'était dans une cabane à livres juste après la caisse. Ça pèse près de 2 kg et c'est des tonnes de souvenirs pour moi. Il y avait presque le même dans mon enfance. Je passais des heures à découvrir des mots et des images au hasard. Les pages roses aussi. Je n'imaginais pas ça dans un magasin bio. Une fois rentré, j'ai pris le temps de le feuilleter. C'était la même odeur qu'en enfance, je crois. Et, glissés entre les pages – à la lettre V –, il y avait des trèfles à quatre feuilles. C'est fou, il parait que ça porte bonheur mais je n'en avais jamais vu des trèfles comme ça. Je croyais que c'était une sorte de légende urbaine.