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AOU 18

Casse-gueule

Sur Instagram elle s'appelle « bohaime » et comme Ava, l'héroïne de Casse-Gueule, c'est une très jolie jeune femme. Un peu comme une princesse russe. Mais sans chichis. 
Enfin, Ava était très jolie juste avant de se faire casser la gueule. C'était à l'heure bleue par un inconnu avec un poing américain et dans la cour pavée d'un immeuble parisien, là où elle fait du Yoga. Mais c'est alors comme une libération pour elle. Et elle ne va pas en rester là.

27
AOU 18

17 septembre

Si vous dirigez une équipe ou animez des formations en groupe, si vous pilotez des projets ou des changements complexes, vous sentez bien que c'est parfois imprévisible et même erratique. Et qu'il y a des dynamiques qui semblent créatives et qui soudain s'enrayent ou tournent court.

Oui, parce que les élans de chacun s'entremêlent toujours mais convergent rarement au fond. Et puis les ressorts intimes sont tellement singuliers, antagonistes aussi et changeant.
 

03
AOU 18

Une forme de vie

Je venais de poser la misère et le yuca à l'ombre, tout au fond de la cour pavée, avec aussi le bonsaï et toutes les plantes de l'atelier pour traverser l'été. Et c'est là que soudain j'ai commencé à m'affoler. Oui, j'avais terminé "À l'aube", le dernier Djian – une sombre histoire de perversité ordinaire –, et donc je n'avais plus de roman pour le début des vacances. J'aurai pu me raisonner, m'autopsyer pour voir ce que cachait cette urgence-là ou simplement attendre d'arriver là-bas au bord de la mer – en plus, je sais bien que sur place il y a l'Ancre de Miséricorde – mais non, c'est comme une drogue dure ce truc. Alors j'ai foncé vers la grande librairie à quelques pas de l'atelier – sur deux étages quand même – et, sur le chemin, je me suis dit je vais prendre un roman d'Amélie Nothomb. Une valeur sûre comme ça.

"Une forme de vie". C'est ce roman-là que j'ai choisi. « Ces mots évoquent en principe l'existence élémentaire des amibes et des protozoaires. Pour la plupart des gens, il n'y a là qu’un grouillement un peu dégoûtant. » Mais, là, c'est autre chose : Melvin Mapple, un soldat américain posté en Irak, devient obèse, il écrit à Amélie qui répond à presque toutes les lettres parce qu'elle est épistolière depuis l'enfance. Et parce qu'elle aussi a eu un rapport très spécial à la nourriture. Et c'est ça qui m'a accroché, cette question du rapport à la nourriture, boulimique ou anorexique, ça cache autre chose toujours. Bref. Une correspondance s'engage. Et l'échange de lettres fonctionne comme une scissiparité : l'un envoie une infime particule d’existence, la lecture de l'autre la double, la réponse la multiplie, et ainsi de suite. Une forme de vie donc. Avec cette question de l'obésité.