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NOV 08

Rencontre avec Emilie Devienne

Elle écrit des livres sur la femme, sur l'argent ou sur la confiance en soi… Elle accompagne des auteurs en devenir, anime des ateliers d'écriture. Elle dirige la publication d'ouvrages collectifs avec des coachs, des thérapeutes…
C'est avec beaucoup de plaisir que j'accueille Emilie Devienne pour cette nouvelle rubrique : Rencontre
singulière avec une personne singulière.

La première d'un jeu à deux claviers où les questions et les réponses émergent au fil des résonances.

A. de Châteauvieux : Vous êtes à la fois coach et auteure ; comment ces deux métiers se relient pour vous ?

Emilie Devienne : Tout d'abord, merci d'inaugurer cette nouvelle chronique en vous tournant vers moi. Je suis plus habituée à parler de mes livres que de mes choix professionnels et c'est donc très intéressant de se retrouver derrière l'écran pour cet exercice à deux claviers.
Un coach que je tiens en haute estime m'a dit un jour que mes livres représentaient la partie non assumée de moi-même... Depuis, je médite son commentaire !
Pour revenir plus directement à votre question, le premier lien que j'identifie entre ces deux volets de ma carrière pourrait être une image : clair-obscur.
L'écriture dégage une force évocatrice autant par ce qu'elle pose sur le papier que par ce qu'elle tait. En coaching, une séance parle autant grâce à ce que le client nous confie que par ce qu'il se garde bien de dire. Toute la finesse de l'écriture comme du coaching revient à faire de cet entre-deux un espace créateur de sens et progrès.

A. de C. : Vos clients cherchent peut-être dans vos séances cette "partie non assumée" d'eux-mêmes, le clair et l'obscur, leurs anges et leurs démons... Votre savoir-faire d'auteure les aide peut-être alors ?

Emilie Devienne : Si « savoir-faire d'auteure » il y a, celui-ci investit deux grands domaines : celui des émotions d'une part, celui des techniques, d'autre part. Un côté « maître d'ouvrage » que nos clients connaissent aussi quand ils doivent déployer leur activité entre émotions et compétences.
Les personnes qui viennent vers moi ressentent qu'elles peuvent mener l'enquête à partir d'elles-mêmes et pour elles-mêmes dans ces deux grands champs. Et, comme dans la littérature, chacun de nous est animé par plusieurs personnages dont j'accueille l'émergence lors des séances.
Je pense à cet incipit de Nathalie Sarraute dans « Enfance » : « Alors tu vas vraiment faire ça, raconter tes souvenirs d'enfance ? »
Certes, tous les clients ne passent pas par là, mais chacun laisse parler des parties de lui-même. Ainsi, quand une personne me dit : « d'un côté, j'aimerais faire ceci, mais d'un autre côté, je me dis que ce serait mieux comme cela », elle convoque à la surface de son expression différents « résidents » qui l'habitent et la construisent, chacun à leur manière.

A. de C. : Vous avez dirigé l'écriture du « Dictionnaire des coachings » avec des « grandes signatures » et de multiples auteurs. Une première dans notre métier ! Vous préparez un autre ouvrage collectif pour un grand éditeur. Créer de nouvelles collections, relever des défis, diriger des coachs, autant de « parties de vous-même » que vous aimez « laisser parler » ?

Emilie Devienne : En tout cas, ce sont des parties de moi que je ne saurais faire taire !

A. de C : Vous accompagnez aussi des coachs dans leur projet d'écriture. Quel est votre regard en coulisse : l'écriture est pour eux une plongée dans la technique ou bien un voyage dans leurs zones lumineuses… ou plus obscures ?

Emilie Devienne : Pour eux comme pour d'autres professionnels qui ont l'intention de publier, les motivations sont très diverses. En général, s'engager dans un tel projet représente l'aboutissement d'un parcours qu'ils choisissent de transmettre ; la volonté de se positionner sur un marché avec une technique, une approche, un regard singulier ou enfin, une victoire personnelle sur un vieux rêve jusque-là inaccompli.

A. de C. : La coach accompagne les autres dans l'écriture ou dans leurs projets ; l'auteure écrit pour que les autres se développent : confiance en soi, relation à l'argent, envie de changer... Et vous-même, écrivez-vous rien que pour vous, pour votre plaisir ?

Emilie Devienne : En fait, je ne peux pas écrire « rien que pour » moi. Mon plaisir réside dans l'envie que mes livres soient des mains tendues. Quand je reçois du courrier à propos d'un de mes livres, je suis la plus heureuse des femmes ! Et puis, je nourris le rêve exigeant et fragile de voir un de mes manuscrits de roman publié, puis un autre et un troisième encore…

A. de C. : Vous lisez beaucoup et partagez vos lectures sous la forme de critiques ou de notes. Quel est votre « coup de cœur », le livre que vous avez aimé lire « rien que pour vous » ?

Emilie Devienne : Ce sont plutôt des auteurs dont j'admire l'écriture de manière inconditionnelle. Je ne rate jamais la sortie d'un Didier van Cauweleart, Eric-Emmanuel Schmitt ou Modiano. Mais ce trio improbable ne saurait écarter des incontournables classiques et l'éclectisme de mes envies. Ainsi, adorant les chats, je suis en train de me détendre avec une nouvelle enquête de Koko et Yom Yom sous la plume de Lilian Jackson Braun, juste après avoir lu l'ouvrage d'Anny Duperey sur nos chers félins !

* * *
  • Ses livres récents : « Etre femme sans être mère », Robert Laffont, 2006. « Dictionnaire des coachings » sous le direction de Pierre Angel, Dunod, 2007. « Moi et l'argent » InterEditions, 2008. « Mieux vivre ma vie » sous le direction de Sylvie Angel, Larousse, 2008. « Envie de changer ? » avec Martine Cerf, Larousse, 2008.