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DéC 07

Alliances créatives et métiers impossibles

« Aimeriez-vous animer une formation à la gestion du temps ? Il s'agit de jeunes dirigeants qui sont aussi demandeurs d'outils pour gérer leur stress... »
Cette proposition d'un client, me recommandant auprès d'une pépinière d'entrepreneurs, m'a d'abord gêné, "stressé" ! Gêné, car vouloir "gérer le temps" me semble participer de l'illusion de maîtrise. Et le stress est un symptôme de cette illusion ; la formation est ici un remède passager : elle met de côté les pressions existentielles au cœur du métier de dirigeant : l'imperfection, la solitude, la finitude, la quête de sens…

Et puis, j'ai mis de côté mon scénario familier devant la nouveauté : vouloir enfermer le monde dans ma carte du monde. Dire d'abord non à ce qui m'est offert !
Et je suis allé à la rencontre de l'animatrice de cette pépinière. Et, de nouveau, j'ai découvert que faire alliance avec le monde est bien plus créatif que résister !
Voici l'étonnant cocktail inventé ensemble.

C'est un cycle d'un après midi par mois autour d'une pédagogie innovante : chaque entrepreneur apporte ses situations stressantes ou ses difficultés à gérer son temps ou bien les deux à la fois, selon ses enjeux !
Ce "GAPs thématique" conjugue apports didactiques ciblés au fil des situations, coaching en groupe et supervision.
Chacun peut alors comprendre son fonctionnement dans les situations les plus critiques, résoudre les situations bloquantes où son stress est un frein, expérimenter de nouvelles manières d'agir entre les séances…
Et, comme dans un GAPs en entreprise, le premier groupe réunit des pionniers qui dé-forment le dispositif au fil des séances : inclusion d'autres participants,
coaching individuel, essaimage...

Pour créer ce cocktail, j'ai aussi partagé enrichi ma "carte du monde" autour des "métiers impossibles" et des "pressions existentielles" :

  • Le dirigeant, dans la réalisation de son ambition, se confronte à des contraintes fondamentales : son désir de réussite le confronte régulièrement à ses limites et son "imperfection". Réaliser qu'il ne peut pas tout réussir ni maîtriser peut devenir anxiogène et épuisant. Entreprendre c'est aussi découvrir que son ambition ne permet pas de repousser le temps qui passe… Le dirigeant, souvent isolé, peut fuir son angoisse de solitude dans l'activisme.
  • Ce cycle permet de partager cette ambivalence : d'un côté, nourrir son désir de réussir et, de l'autre côté, apprendre à accueillir ses limites, savoir ralentir, être à l'écoute de ses besoins pour renouveler son énergie mentale, émotionnelle et physique.

C'est comme si cette rencontre donnait plus de sens au coaching des "métiers impossibles" ! Pour Freud, il y a trois métiers impossibles : "Gouverner, soigner et éduquer" ; impossible car "garanti d'emblée d'un succès insuffisant". Impossible pour le dirigeant car au cœur des pressions existentielles. Idem pour le coach de dirigeants !

A retenir :

  • "Le fou cherche le bonheur au loin, le sage le cultive à ses pieds". James Oppenheim
  • "En situation de burn-out, le dirigeant contacte douloureusement toutes les "contraintes" de l'existence à la fois : La solitude : le client se sent isolé. L'imperfection : il contacte sa "nullité", ses limites. La finitude : il réalise que son ambition ne permet pas de repousser la mort. La responsabilité : il semble "expier un mal inconnu" qui se présente sous les dehors d'une ouvre à accomplir. La quête de sens : le burn-out est une crise de sens." D'après Laurent ODDOUX, coach, superviseur et gestalt-thérapeute. Mémoire de 3ème cycle de gestalt-praticien à l'Ecole Parisienne de Gestalt : "Etude sur l'accompagnement du burn-out en gestalt". Septembre 2007.

Découvrir la notice de ce "GAPs thématique" : www.art-de-changer.com