31
MAR 23

La vie en zigzag

Je ne sais pas trop si vous vous êtes déjà allongé sur un divan ? Pour parler de ce qui vous taraude ? Ou de ce qui déraille souvent, ici et là, dans vos amours ou au boulot ? Pour craquer le code de vos rêves aussi, si vous aimez rêver peut-être ?
Et ainsi entrevoir votre manière toute particulière d'être dans votre vie, d'être en vie. Et alors « arrêter d'emmerder les autres » ; c'est Fabrice Luchini qui dit ainsi les effets du divan pour lui.
Et si c'est ça, alors à un moment donné, vous vous êtes sans doute laissé aller en associations libres. Enfin plus ou moins, parce que ce n'est vraiment pas facile, je trouve, cette manière de parler, de se dire soi-même. Ce n'est pas habituel en tout cas.
Et c'est pour ça que les gens veulent préparer, s'accrocher à un fil de pensée par peur de le perdre, censurer tout le bizarre ou les fantaisies personnelles qui surgissent, etc. C'est toute une mécanique de défenses inconscientes qui se fait jour ici et qui fait aussi partie de notre névrose.

03
MAR 23

Chez le coiffeur

Je sais pas si ça existe, mais c'est un peu comme un coiffeur qui n'irait jamais chez le coiffeur.
C'est à la coiffeuse, dans le salon près du théâtre, que je disais ça l'autre jour. Oui, elle prenait le temps de me peaufiner, aux ciseaux, à la tondeuse, ici et là – dans la nuque, autour des oreilles – et tout en même temps, elle me questionnait sur la psychanalyse.
Sans doute parce que la fois d'avant, j'avais évoqué un instant mon métier. Mais ça restait sans doute confus, parce qu'avec les produits L'Oréal juste devant moi – la laque souple Infinium, la pâte sculptante Tecni Art –, j'ai aussi parlé de consultations pour des entreprises parfois. Comme L'Oréal justement.

 

28
JUI 22

Back to the Jungle

Agresser l'autre c'est mieux que s'agresser soi-même !
C'est ma psy qui m'a dit ça l'autre soir. Enfin elle l'a dit de manière plus savante, avec deux mots que je ne connaissais pas. Hétéro-agressivité et auto-agressivité. Et l'une vaut mieux que l'autre donc.
Tout ça parce que depuis un moment, je balançais pas mal de noms d'oiseaux et d'insultes sur son divan. Ça me surprenait moi-même et ce n'était pas contre elle a priori. Non, j'étais en rage contre un type qui m'avait méchamment percuté en vélo 
la veille au soir. De plein fouet. Il remontait la rue en sens interdit, le nez en l'air ou un peu bourré. J'étais aussi à vélo et cette rue-là trop étroite pour l'éviter.

16
JUI 22

En bord de mère

L'enfance est le sol sur lequel nous marchons toute notre vie et, bien davantage encore, les tous premiers instants en bord de mère. Oui, là où l'on apprend à être en vie, à être avec l'autre et contre l'autre. Quels que soient l'art et la manière de cet autre-là.

Et c'est forcément tout un monde quand cette part-là se dérobe pour de bon, quand cet autre primordial en vient à partir à jamais. 

C'est le récit de cette traversée ultime, bord à bord, « à l'heure des mamans », qu'Eva entreprend d'écrire dans « La bordée ». À sa manière. Et côté passager.

03
JUI 22

Faux-contact

Je ne sais pas pour vous mais, l'autre jour et puis une autre fois, comme je voulais un clafoutis, j'ai cherché sur Google. La 1ère fois c'était sur marmiton.org, mais entre la farine et le lait, il y avait plein de clips de pub. Entre les œufs et le beurre aussi. Bien sûr je coupe toujours le son et je floute mon regard, mais ça me brouille en retour.
Alors, la fois d'après, j'ai essayé avec lejournaldesfemmes.fr. C'est tout un monde ce nom-là. C'était moins pire mais c'était bizarre de découvrir au bout du compte que je n'avais pas vraiment la mémoire de tout ça. Des ingrédients, des proportions, de la manière de faire. Ni dans la tête ni dans le corps. Comme si les choses ne s'étaient pas inscrites.

07
JUN 22

Me garer ou me barrer ?

L'autre jour – enfin l'autre nuit – j'ai fait un rêve qui est resté pas mal de temps dans ma mémoire vive. Oui, avec deux mots qui, côte à côte, faisaient une drôle de rime : la berge et la barge.
Un rêve phonétique en quelque sorte. C'était la première fois. Et tout ça parce que je cherchais une place pour garer ma Simca au bord d'un cours d'eau. Un canal ou un fleuve, je ne sais plus trop. Sur une sorte de berge en tout cas. Oui, je partais en voyage en avion, alors je voulais laisser la voiture là, plusieurs jours. Et je connaissais bien cet endroit-là visiblement, mais il y avait maintenant des bateaux de chantier. Des barges justement. Avec des grues dessus, des porte-conteneurs comme dans un port de commerce.
Il faut dire que cette image des grues ne m'est revenue qu'après coup, quand j'ai raconté ce rêve sur le divan. J'ai trouvé ça bizarre. Un effet du transfert sur ma psy j'ai pensé. Oui, les histoires qu'on se raconte changent avec qui on les raconte mine de rien. C'est comme les cartes postales de vacances – même si ça ne se fait plus – t'écris pas exactement la même chose à ta grand-mère et au voisin qui s'occupe de ta carpe koï. 

20
MAI 22

Ça dessine un Y

– Et, vraiment, vous vous demandez ça alors ?

C'est ma psy qui m'a demandé ça l'autre jour. Elle m'a semblé vraiment surprise. Ou plutôt, elle était en train de me surprendre dans un truc pas très clair au fond, une entourloupe peut-être. Tout ça parce que j'arrive toujours en vélo sur le divan – je viens en Vélib je veux dire – je remonte les quais, les courbes de la Seine, rive gauche, puis rive droite jusqu'ici. Et ça me plonge déjà dans une sorte de rêverie éveillée, un état proche de la cure par la parole. Oui, sans trop de tabous. Et donc je lui parlais d'emblée des femmes qui se baladent aussi en vélo au bout du soleil.

Ça se voit plus ou moins, je lui disais, ça se devine à travers les tissus, les étoffes, quand elles me doublent, quand elles pédalent, du bord des hanches jusqu'au sillon interfessier, leurs dessous dessinent un V ou un Y. Je ne peux m'empêcher de poser mon regard par ici ou par là. Et je me demande alors si les gens regardent ainsi aussi ? Si ça se fait de faire ça ? Je ne sais pas trop. Oui, regarder les courbes des femmes qui portent un string rouge ou noir, une culotte plus ou moins scandaleuse ?

Je me demande même si certaines ont vraiment une culotte, tellement la soie de la jupe ou le lin du sarouel épouse le contour de leurs fesses. Ou l'inverse peut-être. Ça fait corps, en tout cas, quand elles swinguent, quand elles se chaloupent sur la selle.

27
MAR 22

Par chèque ou en espèces

« Mais ils savent bien que ça finit toujours dans votre poche. »
C'est mon contrôleur qui me disait ça l'autre jour. Je ne parle jamais de lui par ici mais plutôt de ma psy. Tellement que, des fois, les gens m'écrivent en privé pour me dire qu'il faudrait vraiment que j'arrête avec elle, avec le divan, avec Freud, etc. Comme s'ils croyaient savoir pour moi de quoi il en retourne. Ça leur évite de penser à eux sans doute. 

 

11
MAR 22

Des trous dans la parole

Maintenant, quand j'écris mes rêves, j'ai toutes sortes de pensées, de tabous et d'analogies qui me viennent en même temps que l'histoire du rêve. Ça ouvre alors plein de pistes sur l'impensable.

Tout ça est nouveau. Avant j'attendais d'être allongé sur le divan pour mener mon enquête. Comme si quelque chose s'était décoincé. Une sorte de liberté de penser des trucs bien tordus, baroques, sans le détour par un autre.

– Alors pourquoi je vous raconterai mes rêves à présent ? j'ai dit à ma psy.

05
MAR 22

Vous l'avez bien cherché !

La supervision c'est tout un chantier, toujours complexe, en continu, un travail d'enquête bien délicat je trouve. Parce qu'au bout de chaque impasse dans laquelle on se glisse, on se coince et on se débat avec ceux qu'on accompagne, ce que l'on finit par découvrir – quand on prend le temps de parler de tout ça à un tiers –, c'est toujours un ou deux détails de soi que l'on sait bien au fond mais qu'on se cache à soi-même.

Je crée ici une nouvelle rubrique, genre newsletter, où je proposerai des « morceaux » de supervision. Oui, des fragments de séances de contrôle (pour mon métier d'analyste), de supervision (le travail auprès des coachs), des séquences de travail en groupe pour le master coaching à Paris 2 – du côté de l'inconscient toujours, en particulier les jeux de transfert–, et puis ce qui me viendra au fil de l'eau...

14
FéV 22

Le temps qu'il reste

– Oui, terminez votre phrase !

C'est ma psy qui m'a dit ça comme ça, l'autre soir. Ça m'a bien accroché cette manière de dire qui est aussi une manière de faire. Parce que je ne peux pas m'empêcher de regarder comment elle s'y prend avec moi.

Là, c'était encore au téléphone, tout ça parce qu'elle est bien vaccinée mais elle a toujours peur du virus visiblement. Elle ne peut plus me voir – enfin elle ne veut plus – et moi non plus je ne la vois pas. Alors, pendant les séances, je peux faire des trucs que je ne peux pas du tout faire sur son divan. Me préparer une tisane BIO Relax par exemple.

01
FéV 22

Accompagner, être accompagné

Je ne sais pas pour vous, mais je réalise que depuis le tout début de ma pratique d'accompagnement – que ce soit en conseil, formation ou coaching et jusqu'à aujourd'hui, en psychanalyse – je me suis engagé dans un travail de supervision en continu. Oui, en groupe ou en individuel, parfois les deux, avec l'accent mis d'emblée sur le corps, la relation, le contact (gestalt), ou sur la dynamique du groupe (psychodrame), ou encore avec un cadre de référence plus analytique (analyse des jeux de transfert, contrôle).
Et c'est comme ça, en me confrontant en continu à un tiers choisi et sur des situations réelles, sensibles, indécidables, que j'ai vraiment appris mon métier au fond. Et
 que je continue. Avec un enjeu essentiel alors, enfin un enjeu minimum : Primum non nocere. Comme les médecins.

Parce que choisir un métier du lien c'est toujours se débattre – intimement, chroniquement – avec des histoires d'emprise, d'abandon, de rejet, de pouvoir, de pulsionnalité... Et cela sous le signe des répétitions familières mais inconscientes. Oui, en séance et avec chaque client.

15
JAN 22

C'est trop mental

Des fois, dans le lieu où je reçois, j'aime bien m'arrêter un instant sur un détail, un objet. Ça me semble d'abord complètement étranger à mon monde mais, de fil en aiguille, je vois bien que ça m'est très proche. Une sorte d'arrière-monde.

Là, par exemple, plein de figures de lutte japonaise, le Sumo. C'est du combat mais ça me fait penser au Kamasutra aussi. Parce que quand les hommes se battent c'est homo-érotique aussi mine de rien. L'un n'empêche pas l'autre, au contraire. La bagarre est un alibi pour se rapprocher, se sentir, se toucher...