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MAI 11

Trois grains d'éternité

Elle se tient là, désemparée, interdite. Élégante et égarée. Princesse là-bas en son pays de dunes et prisonnière, ici, dans les entrailles de la terre. Elle se tient là, entre les portes de verre et la barrière de tourniquets. Là où jadis le poinçonneur aurait aimé lui montrer le chemin. Elle n'est que regard en cet instant. Et ce regard-là pourrait retenir un, deux ou trois grains d'éternité dans le sablier du temps.
Je viens de là, dit-elle en me montrant du doigt la gueule noire et froide du tunnel. Et j'aimerai sortir. C'est alors que, sans un mot,
sous sa main, une des portes de verre et d'acier cède enfin et la mène vers le soleil.

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J'aime garder en secret là, tout au fond de ma besace, le nez de clown. Le plus petit masque du monde. Ce nez rouge avec lequel, trois jours durant, j'ai appris à me perdre et danser entre plis et contreplis du corps et de l'âme. Trois jours pour dénouer, un à un, les fils barbelés de la cotte de mailles tricotée depuis si longtemps à fleur de ma peau.

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Dans le Jeu de Loi #2, dans son rêve de la nuit passée, Mélina lui a dérobé ses clés. Et maintenant, elle voudrait le kidnapper, l'emmener au cœur de cette forêt connue d'elle seule et, pour le garder un instant, l'attacher au plus vieux chêne.

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