21
OCT 16

Côté passager

Un nouvel épisode de mon autofiction en écriture, "Fais le beau, Attaque !"

Et juste avant, là, quelques mots sur le feuilleton précédent "Ça pique mais c'est bon" :

J'ai récupéré l'avis d'impôt de mes parents sans effraction et j'ai obtenu une bourse d'études sans souci. 
Le père dominicain m'imaginait devenir critique d'art, un peu comme ma mère me voulait pilote de ligne ou général d'armée. Et là, je pars en Dordogne avec lui, dans sa résidence d'artistes.

 

13
OCT 16

Histoires de vie

Au bureau ou dans vos amours (ou les deux peut-être), il y a quelque chose qui parfois finit par dérailler ou se coincer. Ou alors ça stagne et ça s'enlise et ce n'est pas vraiment mieux.
Alors vous essayez de vous accrocher ou de changer ce qui peut l'être – changer de boss ou de boîte, d'amoureux ou de vie –, mais ça continue, encore et encore.
Et il y a derrière tout ça comme une impression de déjà vu. Un air de famille même. Pourtant c'est tout le contraire de l'histoire familiale que vous recherchiez. Alors vous vous demandez pourquoi l'histoire se répète comme ça ?!?

11
OCT 16

Un nouveau roman d'Amélie

Hygiène de l'assassin, Métaphysique des tubes, Stupeur et tremblements… J'aimais beaucoup lire les tout premiers romans d'Amélie Nothomb et puis j'ai arrêté, je ne sais plus trop pourquoi (enfin si, je crois que c'est quand j'ai perdu le goût du loufoque).

Et l'autre jour, à la librairie – côté campagne –, il y avait Riquet à la houppe le nouvel opus d'Amélie avec, accroché à la couverture, un cœur en papier cadeau. J'ai feuilleté, j'ai lu quelques pages, ça parlait d'une de mes énigmes de toujours : mais pourquoi on s'attire et on se relie ? Certes les corps s'attirent proportionnellement à leurs masses et en raison inverse du carré de leur distance, mais c'est plus fort quand tout semble les opposer : le beau et le laid, le simple et l'esprit, la belle et la bête…

J'aime beaucoup. C'est un conte de Perrault revisité et il y a, dans le désordre, du champagne, de la poésie, de la cruauté, des oiseaux, des parents à l'ouest, de l'amour qui finit bien, de l'enfance, de l'adolescence, encore des oiseaux Et c'est vraiment délicieux ainsi ce nouveau roman d'Amélie Nothomb.

06
OCT 16

Ça pique mais c'est bon

Mon autofiction en écriture, "Fais le beau, Attaque !", se déplie comme un feuilleton à présent ; et, là, ça continue.

Si vous avez raté "Aussi tabou que l'amour", l'épisode précédent :

J'étais en fac de sciences éco et j'ai découvert que je pouvais peut-être avoir une bourse d'étudiant, alors j'ai voulu mettre mon nez dans les histoires d'argent de mes parents.
Et 
entre deux cours, en faisant le ménage, j'ai rencontré un père dominicain qui tenait une galerie d'art, au bout du pont de l'Archevêché

30
SEP 16

Accompagner en groupe

Ça faisait déjà un bon moment qu'Eva et moi on avait envie d'attraper quelquesl pixels et décibels sur notre manière d'accompagner. Oui, attraper un instant le fil du chaos, du désir, des doutes, de la confusion, du mystère et de la surprise… parce qu'accompagner c'est aimer se laisser chatouiller par tout ça à la fois. Et quand c'est en groupe, c'est plein pot. Et les techniques de coach n'y peuvent pas grand chose ici.

Alors voilà ! L'autre jour à la campagne, c'était le début de l'été et il y avait un nouvel atelier De fil en fil. Véronique, Marie-Caroline, Vincent et Emmanuelle – coach ou manager, consultant ou formatrice , voulaient y voir clair dans tout ça. On avait aussi invité Alexandra, une gentille "barbare", rencontrée dans une chapelle et qui, caméra au poing, nous accompagne ici ou .

Voici quelques instants de cette journée-là, quelques minutes saisies, décousues ou tricotées ensemble autour de Marie-Caroline qui a questionné autour d'elle, comme pour enquêter sur ses coulisses et sa tribu d'origine, sur ce qui se cache derrière les gestes et les intentions des artisans du soin ou du lien.

25
SEP 16

Aussi tabou que l'amour

"Les belles vitres font les belles lumières." Il m'avait écrit ça sur une carte de sa galerie d'art. Les lumières c'était celles d'un matin d'automne, avec le soleil dans les arbres et Notre-Dame juste en face. Il avait signé Frère Gilles parce qu'il était dominicain. Il n'avait aucun autre signe extérieur de son alliance avec Dieu et je l'ai imaginé un instant au beau milieu d'un monastère, en chasuble ou en robe de bure, avec ceinture de chanvre et sandales. Et peut-être avec quelques autres de sa confrérie. 

Moi, je venais de laver l'immense baie vitrée et les portes de verre de la galerie. Dedans-dehors, enfin dehors et puis dedans. 
Ce job d'un instant ça venait d'une agence chic à deux pas du Trocadéro qui proposait aux étudiants des missions genre coursier, homme de ménage ou chauffeur de maître pour des gens chics aussi. Ces gens-là me demandaient à nouveau et me recommandaient entre eux, alors je passais pas mal de temps comme ça, entre les cours en amphi et les TD à la fac, avec le sceau, la raclette ou l'aspirateur à la main.

Il y avait aussi le samedi soir, dans des châteaux de famille, pour les cousinades ou les mariages de jeunes filles avec chevalière et robe en organza de soie. Et moi j'étais dans les coulisses avec le champagne et les petits fours salés et puis sucrés.

14
SEP 16

C'est pas étanche

Avec mon projet d'autofiction, "Fais le beau, Attaque !", je croyais que je n'aurais plus besoin d'écrire sur le divan, enfin sur les séances avec ma psy (d'ailleurs, je ne sais toujours pas pourquoi j'ai ce besoin-là). Et l'autre soir, comme c'était la rentrée, forcément je l'ai revue et alors c'est comme si je faisais une rechute, là.

C'est dommage parce que je voulais continuer avec mes histoires plus actuelles, genre Ambiance manivelle à la Biocoop. Oui, ce matin-là de l'été quand j'ai fait un détour par le magasin bio, en Simca avec Eva, et que je suis tombé sur le camionneur fou.

Pourtant, écrire comme ça c'était une manière de commencer à laisser derrière moi mes années d'enfance avec toutes les histoires de dressage. Mais, il y a toujours des histoires de chien dans ma vie et puis l'inconscient qui pulse à tire larigot. Je ne suis pas maître en ma demeure.

26
AOU 16

Pensez à nous Roulez tout doux !

Sur l'établi de l'atelier de campagne et de l'été, Eva et moi on a aimé vous préparer un stage de "conduite de groupes". C'est pour faire alliance avec toutes les « passions dominantes » qui toujours se trament dans les coulisses de la vie d'un groupe : l'idéalisation ou l'attaque par exemple.

Bienvenus à vous alors, avec vos outils préférés pour animer, former ou créer, et tellement propices aussi à ces jeux-là. 

24
AOU 16

Je vais faire un détour

Ce matin-là, tu as choisi cette robe à fleurs qui est comme un tableau de Andy Warhol et qui, je ne sais pourquoi, me rend un peu fou à chaque fois. Et c'est pour ça que je n'ai rien voulu savoir du dessous de tout ça. Tu avais aussi un pull jaune tournesol, très court, qui en rajoutait à l'été. Et des sandales avec deux ou trois lanières de cuir. C'est vraiment trop ces lanières, je me suis dit.
Et puis on est allé au marché dans la vieille Simca.
Sur le chemin, j'essayais de regarder les champs de tournesols plutôt que le bout de tes pieds ou la ligne de tes jambes. Ou tout l'inverse peut-être. Oui, parce que sinon ça me donnait envie de te lécher (le bout des pieds, je veux dire).
– Je vais faire un détour, je t'ai dit.
– …
– Par le magasin bio, pour ajouter une gousse de vanille dans le rhum arrangé à la mangue.
Toi, tu n'as rien dit parce tu aimes tellement te laisser emmener et bercer comme ça dans cette 
vieille voiture. 

13
AOU 16

Pas de chevalière ni d'alliance

Là, j'aime continuer d'écrire au fil de mes souvenirs, de mon histoire,
et après "Fais le beau, Attaque !", les années d'enfance,
c'est comme une nouvelle partie qui se déplie : "Le pouvoir du temps passé"…

Bien avant de mener mon enquête, j'avais revu ma tante Marie-Thérèse. C'était à La Réunion, j'avais vingt-quatre ans et j'étais parti découvrir l'île natale de mes parents. Mais pas du tout pour un voyage d'études sur mon histoire familiale. Non, parce qu'à cette époque, j'avais quitté la maison à Médan et je ne faisais plus d'anthropologie familiale comme dans mon enfance mais des études de sciences éco. Et je commençais à vivre avec B. (Ici, pour l'instant, plutôt qu'un pseudo ou son prénom en entier, B je l'appelle B parce que même si tout ça c'est mon autofiction avec mes fantasmes, c'est quand même très réel et je ne sais pas toujours comment on fait avec le réel. Dans la vie ou dans les livres).

Donc c'est avec B que j'aimais commencer à construire une vie que je voulais idéale, enfin sans anicroches et donc bien à l'écart des histoires passées. Oui, parce que B avait eu une enfance pas très joyeuse je trouve (témoin, très jeune et toute proche, de la maladie au long cours et puis, à son adolescence, de la mort aussi). Mais elle préférait mettre un couvercle sur tout ça, ne pas en parler, pour vivre l'instant présent et aller de l'avant. Aller de l'avant, c'était plutôt mon envie à moi, et un peu comme une fuite au fond. Mais on n'avait alors aucune idée du pouvoir du temps passé. Sur le moment présent comme sur le futur.

06
AOU 16

Des psychanalystes en séance

La séance est ouverte… Rousseau, transfert, contre-transfert… Quand je vois passer ces mots-là l'autre jour sur mon fil Facebook, je clique sur le lien et c'est un article de Libé sur un nouvel ouvrage écrit par plein de psys. Chacun d'eux raconte un bout de séance ou d'une cure, en deux ou trois pages et avec un éclairage particulier, un concept à rebours des idées bien répandues : L'hypocondrie créative, La normopathie, L'anti-analysant,…

Ça se veut "à l'écart des modes et des polémiques" et c'est centré sur les déploiements contemporains de la psychanalyse. Et alors je me dis que j'aimerais bien le lire ce livre-là. Même si je ne lis pas trop les livres psys parce que pour l'instant je préfère les travaux pratiques à la théorie (oui, tout le travail d'enquête, d'archéologie intime sur le divan, enfin sur moi-même). Mais ce livre-là j'aime le commander à la librairie de la ville. Et quand il arrive quelques jours plus tard, je m'assois au bord de la fontaine, je le feuillette et c'est encore tout un régal qui s'annonce sur la table des matières : L'agonie primitive, La relation d'inconnu, La vivance, Les séparations imparfaites

Et alors sans attendre de tout lire (parce qu'il y a quand même cinquante-huit psys qui ont écrit), je partage là quelques extraits.
Oui, parce que c'est vraiment bien et ça parle tout autant de ce qui se passe derrière le divan (quand le psy patauge par exemple) que des patients qui fréquentent le divan 
aujourd'hui : les « états limites » bien plus « borderline » que les névrosés des temps fondateurs. Et avec ces patients-là « la logique du trauma, le recours à l'agir, la compulsion à répéter s'avèrent plus marqués que dans les cures de naguère, censément rythmées par les aventures de la parole et le principe de plaisir » (je crois bien que je suis un peu ou beaucoup comme ça et aussi de plus en plus aussi ceux que j'accompagne).

En partage quelques extraits donc.

01
AOU 16

Mais qui a commencé ?

Au fond, après mes années lycée, ce n'est pas du tout l'oubli qui m'a fait mettre à distance les femmes à la peau caramel et aux cheveux très noirs. Non, c'est plutôt la peur de ce genre de femmes qui pourtant m'attiraient beaucoup pendant mon adolescence. Parce que, quand je me suis lancé dans ma vie, j'avais encore dans la tête une légende familiale qui racontait que ma mère – probablement initiée et téléguidée par sa famille – , avait utilisé un philtre magique, ou plutôt maléfique, pour envoûter mon père et le détourner de sa vocation (même si devenir fonctionnaire de Dieu n'était sans doute pas sa vocation).
Enfin c'est la sœur de mon père, ma tante Marie-Thérèse, qui évoquait cette histoire-là quand elle venait déjeuner le dimanche avec l'oncle Paul, le cousin jésuite. Elle disait que c'était une rumeur qui s'était répandue comme une traînée de poudre quand mes parents ont dû quitter leur île natale avec ma sœur encore bébé. Mais en racontant ça, ma tante aussi entretenait la légende, comme si elle y croyait dur comme fer. Ou peut-être qu'elle voulait démêler le vrai du faux ou bien, mine de rien, qu'elle avait pas digéré le fait que mes parents ont donné à ma sœur le prénom de Marie-Thérèse
 – comme elle donc – , alors que cet enfant-là était né du péché et d'un scandale.

20
JUI 16

Couleur caramel

Quand j'ai dit que je n'étais pas doué pour le latin ce n'est pas tout à fait ça. Oui, plutôt qu'à la messe ou dans les pages roses du Larousse, c'est avec mon père, au contact, que j'aurais préféré apprendre cette langue-là. Mais il ne parlait pas beaucoup avec nous mon père. Plus tard, comme sa passion c'était de bricoler – créer des verrières et des volières, souder à l'arc, installer l'électricité –, c'est dans son atelier que j'ai trouvé une manière de parler un peu avec lui et autour de mes bricolages (réparer mon vélo, régler la tondeuse à gazon de la voisine, débrider ma mobylette, etc). Et j'ai réalisé, il y a peu de temps, que j'ai aussi appelé "atelier" le lieu où j'accompagne (un lieu pour parler un peu la langue de l'inconscient).